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LA RELIGIEUSE A NICE


Petit retour en arrière nécessaire sur l’actualité du Collectif… Nous n’avons pas été explicites suite au changement de spectacle présenté la semaine dernière au Théâtre Francis Gag.

J’ai eu l’occasion d’en parler à plusieurs spectateurs étonnés de ce changement mais pas de façon plus large. Cette décision est devenue en effet une évidence dès qu’elle a été prise.


Le Collectif 8 devait jouer le spectacle « Alice » pendant la Quinzaine des théâtres. Mais après les évènements bouleversants du 14 juillet, Paulo Correia, Vanessa Anheim et moi-même avons proposé à la Ville de Nice, qui nous a conforté dans cette proposition, de présenter la Religieuse… Cette proposition était difficile mais il nous semblait vital de parler ici et maintenant de la différence entre foi et dogmatisme, de donner la parole à Diderot et son humanisme éclairé.


La foi est intime, incontestable et ne souffre aucune ingérence, jugement ou condamnation, elle restera légitime malgré toutes les attaques dont elle a souffert, souffre aujourd’hui et souffrira encore malheureusement longtemps. Suzanne Simonin, l’héroïne du roman de Diderot, en est l’incarnation brulante. Sa Foi la transporte, la densifie, la rend humaine. Le dogmatisme, au contraire, a de tous temps été un outil d’asservissement, de manipulation des masses et de conquête. Il n’y a pour moi aucune guerre de religion, ce sont clairement des guerres de territoires, des guerres de pouvoir et de domination, à l’instar de la description de l’organisation conventuelle que fait magistralement Diderot. Il analyse à travers l’observation des couvents les dérives, déviances et perversions de l‘utilisation de la Foi par l’Homme. L’enjeu de ces pratiques étant, comme le développe brillamment Diderot, l’ignorance et la désinformation comme instruments de domination.


Nous en avons encore aujourd’hui l’exemple frappant. Il nous semblait vital de livrer des réflexions pesées, analysées et humanistes à travers le filtre d’un objet artistique face à ce traumatisme collectif que nous avons vécu. Vital pour tous les spectateurs et en particulier pour ces jeunes gens qui sont des citoyens en devenir, qui dans quelques années voterons, qui s’interrogent sur la viabilité et la vacuité de notre société et du monde, qui portent déjà en eux des cicatrices indélébiles. Nous leur devons, en tant qu’artistes, hommes et femmes politiques, enseignants, de les considérer, les accompagner, les soutenir, renouer par tous les moyens possibles le dialogue pour l’apaisement, pour le rétablissement des liens qui nous définissent en tant qu’Humains.


Gaële Boghossian

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